Ce blog est né de plusieurs insatisfactions.
Une première insatisfaction est liée aux contraintes de l’écriture universitaire. Si celle-ci possède toute sa légitimité, comme écriture scientifique, référencée, savante, pointue, spécialisée, à infusion lente, parfois difficile à lire, elle peut rapidement devenir problématique, parce qu’elle obéit à une temporalité dilatée qui interdit toute analyse « à chaud » et annihile toute possibilité de coller à l’actualité politique, sociale ou culturelle. Si l’écriture universitaire est contemporaine des phénomènes sociaux, elle n’est jamais tout à fait de son temps.
Une deuxième insatisfaction est que cette écriture n’est pas toujours faite pour être lue. Entre le jargon des spécialistes et parfois leur incapacité à sortir de leur « niche », il devient malaisé de savoir exactement à qui ils s’adressent et qui est en mesure de les lire. Surtout, de les lire, pour quoi faire ? Une partie du désintéressement et de la capacité de découverte de l’activité scientifique tient sans doute à son refus de suivre une quelconque demande sociale. Mais c’est aussi sa limite, car on finit par ne plus très bien comprendre à qui elle parle ni qui la lit, au-delà du cercle des happy few, et au-delà des pairs, plus ou moins bienveillants (souvent moins…). Combien de semaines ou de mois passés à rédiger un papier qui passe par mille fourches caudines mais qui sera aussi vite englouti qu’il sera publié ? Ou à préparer un séminaire au millimètre, seulement pour quelques spectateurs épuisés ? D’autres supports, complémentaires, sont bien plus efficaces ; sans rien sacrifier au travail.
Une dernière insatisfaction tient donc à l’inaccessibilité de la majeure partie de la production en sciences humaines. Or, malgré les réserves exprimées à l’instant, ce qui se dit et s’écrit peut être d’un intérêt marqué pour éclairer et comprendre le monde social. Si l’université commence à entrevoir les possibilités infinies offertes par les nouvelles technologies, pas seulement les MOOC, elle est très à la traine, et les sites institutionnels (souvent en web « moins 2.0 ») sont incapables d’accueillir en temps réel tout ce qui existe désormais. La valorisation et la vulgarisation des sciences humaines, comme l’adoption d’une liberté de ton et de temps, sont des nécessités que le format blog permet depuis très longtemps.
Ce blog se veut donc tout à la fois un lieu présentation lisible de quelques lectures ou débats de sciences sociales, et un espace d’écriture libre de ce qui passe à ma portée.
01/01/2015